22 Aout 2020.

Pour la première fois depuis 50 ans, le jour du dépassement a reculé significativement.

Merci la pandémie de Covid-19.

Choquant de remercier la pandémie ? Pour moi non.

Le jour du dépassement correspond au moment où l’humanité est supposée avoir consommé l’intégralité des ressources écologiques que la planète est capable de régénérer en un an (appelée biocapacité). Depuis les années 1970, ce jour arrive de plus en plus tôt dans le calendrier annuel. Cela signifie que l’équilibre planétaire est rompu : l’humanité vit à crédit. L’humanité vit donc chaque année avec une dette karmique envers l’univers. Et chaque année, cette dette s’agrandît.

Mais en raison de la pandémie de coronavirus et de la chute de la consommation mondiale qui en a découlé, le jour du dépassement a reculé d’environ trois semaines en 2020. Mais comme l’illustre l’infographie ci-dessous, il ne s’agit pas d’un changement durable puisque cette date avance de trois jours par an en moyenne depuis 1970.

Source : site Statista

Ce recul important du jour de dépassement met en lumière un élément simple. L’humanité et son mode de vie jouent un rôle capital dans l’équilibre planétaire. L’équilibre universel a trop longtemps été rompu et le point de rupture est arrivé : le retour a l’équilibre a commencé. Les forces de la nature tendent spontanément à se rééquilibrer et c’est ce qui est en train de se passer. Que nous le voulions ou non, nous sommes contraints d’effectuer une transition écologique vers un mode de vie plus sain et respectueux de toutes les formes de vie sur Terre.

Et si cette transition passait par par une notion simple : l’agroécologie ?

Selon moi, l’agroécologie est le moyen indispensable à un rééquilibrage planétaire pour un mieux-vivre ensemble. Aujourd’hui je te livre 4 raisons pour lesquelles l’agroécologie est indispensable à l’équilibre planétaire. Mais tout d’abord, voyons ensemble ce qu’est l’agroécologie.

mains qui tiennent une pousse végétale et de la terre

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

L’agroécologie désigne l’ensemble des pratiques agricoles qui relient deux domaines scientifiques :

  • l’agronomie (science de l’agriculture) : c’est l’ensemble des sciences et techniques naturelles, économiques et sociales, visant à mieux comprendre et piloter l’agriculture.
  • l’écologie (science de l’environnement) : c’est la science qui étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu de vie. L’ensemble des êtres vivants, de leur milieu de vie et des relations qu’ils entretiennent forme alors un écosystème. L’écologie est la science qui étudie cet écosystème. Mais de façon plus courante, l’écologie c’est aussi un mouvement et une doctrine visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel ainsi qu’à la protection de ce dernier.

Ainsi, l’agroécologie est la science qui a pour but d’étudier les écosystèmes agricoles (appelés agroécosystèmes) et qui vise à appliquer les connaissances de l’écologie à l’agriculture.

Développer une démarche agro-écologique signifie alors adopter des pratiques qui tiennent compte des équilibres de la nature et des services qu’elle rend. Comment ? En se rapprochant le plus possible d’un fonctionnement agricole naturel. Il s’agit notamment de :

  • réduire les intrants chimiques, toxiques et non naturels : pesticides, herbicides, engrais, antibiotiques, etc
  • réduire la consommation en carburants, eau d’irrigation, aliments pour le bétail
  • préserver les ressources naturelles en utilisant au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement
  • adopter des méthodes agricoles adaptées spécifiquement au territoire
  • réduire les monocultures et favoriser la polyculture telles que l’agroforesterie
  • réintroduire la diversité écosystémique en renforçant les interactions entre les différents individus des agroécosystèmes : faune, flore, champignons, pollinisateurs naturels
  • s’appuyer sur des méthodes et techniques naturelles qui encouragent la vie et l’harmonie des écosystèmes plutôt que la mort et le déséquilibre des écosystèmes.

La liste pourrait être encore plus longue mais je vais m’arrêter là pour faire simple. Et pour simplifier encore plus la chose, je t’explique maintenant les 4 raisons pour lesquelles l’agroécologie est un élément indispensable à mettre en place pour rééquilibrer la planète.

Les 4 bienfaits principaux de l’agroécologie

L’agroécologie apporte avec elle 4 éléments importants et indispensables au rééquilibrage planétaire.

1. L’utilisation équilibrée des ressources naturelles

Pour rétablir l’équilibre planétaire, il est important de commencer à prendre conscience de la façon dont nous consommons les ressources naturelles de la Terre. Car tout changement commence par une prise de conscience. A l’heure actuelle l’humanité a une dette énorme envers la planète. Nous vivons à crédit et nous vivons à un rythme de vie qui favorise le déséquilibre universel.

Nous prenons trop à la Terre et ne lui donnons pas assez en retour. Cela est en grande partie dû à l’agriculture intensive qui cause des dommages sur la santé des humains, contribue au changement climatique, nuit ou détruit la biodiversité locale et participe à la pollution de l’air, des eaux et des sols.

A l’opposé, l’agroécologie permet d’effectuer une utilisation raisonnée et équilibrée des ressources. C’est une façon de concevoir des systèmes de production agricoles qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en visant à préserver les ressources naturelles. Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. Les intrants (apports en eau et engrais) sont naturels : pluie, citernes, fumier, compost, etc. Les terres sont mises au repos régulièrement grâce au système de rotation de parcelles. Le rythme naturel de reproduction et les saisons sont respectées.

Bref tout ce qui est en harmonie avec la nature est effectué pour permettre un équilibre dans la balance « consommation/production ». L’idée est de produire ce que la nature a à nous offrir. Ni plus ni moins.

2. L’augmentation de la diversité pour l’équilibre global

L’agroécologie est un mode d’agriculture reposant sur une complémentarité entre faune et flore. Avec l’agroécologie, chaque espèce a son rôle à jouer dans l’écosystème. Aucun insecte, aucun champignon, aucune « mauvaise herbe » n’est tuée.

Au contraire, l’idée est de se reconnecter à la nature fondamentale de chaque écosystème pour réussir à comprendre le rôle de chaque élément. Comprendre le rôle de chaque insecte dans la chaine écosystémique. Comprendre le rôle des champignon dans l’apport de nutriments aux plantes. Comprendre le rôle des soi-disant « mauvaises herbes » dans l’entretien du sol par exemple. Il n’y a pas de « mauvaise herbe », il n’y a que des plantes dites envahissantes ou à croissance rapide. Le tout est de savoir ce qui favorise le développement d’une plant et pas d’une autre. Mais aussi d’aller vérifier si le développement d’une plante est potentiellement bénéfique à une autre.

L’idée est de faire du champ, de la parcelle et du territoire, un terrain d’observation pour comprendre en quoi la biodiversité est bénéfique à l’équilibre global.

3. Des pratiques en harmonie avec chaque territoire

L’agroécologie désigne avant tout une approche agricole. De cette approche agroécologique découle un ensemble de pratiques que chaque agriculteur adapte, conçoit et développe en fonction des spécificités de son territoire et de la nature de son exploitation. 

Elle implique le recours à un ensemble de techniques qui considèrent l’exploitation agricole dans son ensemble. De ce fait, l’expérimentation fait partie intégrante de l’agroécologie. Chaque agriculteur adapte les techniques agricoles à ses parcelles à travers une série d’expérimentations dans ses propres champs. Ces démarches d’expérimentations peuvent être conduites individuellement ou collectivement avec d’autres agriculteurs.

L’idée est de trouver les itinéraires techniques les plus adaptés à la situation pédoclimatique (sol + climat) du territoire. Les actions sont effectuées avec le plus de conscience (connaissance) possible des besoins et des capacités du territoire. En d’autres termes, planter du melon en Islande sous une serre chauffée toute l’année ne relève pas de l’agroécologie 🙄.

Au final, l’agroécologie respecte l’unicité, les spécificités et l’authenticité de chaque territoire. L’équilibre naturel de chaque région du monde est privilégié grâce cette méthode.

4. L’amélioration de la qualité de vie plutôt que la quantité

Last but not least… L’agroécologie soutient la qualité de vie en priorité. La quantité qui ressort est tout simplement proportionnelle à ce que la nature peut produire.

Il y a trois types de qualité qui sont mises à l’honneur grâce à l’agroécologie :

  • La qualité des produits : Les produits qui ressortent des champs sont donc plus concentrés en nutriments. Plus petits, moins calibrés, moins nombreux mais meilleurs pour la santé et meilleurs en gout.
  • La qualité de vie des agriculteurs : la santé des agriculteurs qui sont en contact direct avec les parcelles est préservée grâce à l’absence d’intrants chimiques et toxiques.
  • La qualité de vie des habitants du territoire : par ricochet, la santé des consommateurs est aussi préservée ainsi que la vie sociale du territoire entier grâce à une proximité et une cohésion locale des acteurs du marché.

Tout est pensé à l’échelle locale et territoriale. Les produits sont frais, ont poussé dans leur lieu de prédilection et sont de meilleure qualité gustative et nutritionnelle qu’avec l’agriculture intensive.

Comment pratiquer l’agroécologie ?

L’agroécologie peut se pratiquer à l’échelle agricole mais aussi à l’échelle individuelle, à la maison. Le mot « agroécologie » peut paraitre scientifique mais il s’agit en réalité d’un mot de de culture simple, raisonné et naturel comme l’humanité le pratiquait par le passé. C’est un retour au source. Une déconnexion à la vie et à la nature. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Même sans jardin. Même sans balcon d’appartement. Chaque geste compte. Un compost dans un studio pour fertiliser des plantes est un premier pas vers l’agroécologie.

L’agroécologie, cousine de la Permaculture, est accessible à tous ceux qui souhaitent rétablir l’équilibre planétaire et qui souhaitent une re-connexion aux éléments de l nature et aux choses simples et sensées de la vie.


Pour approfondir :

« La permaculture au jardin » de Damien Dekarz

« L’agroécologie : une éthique que vie » de Pierre Rabhi

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