Ma relation à mon corps n’a pas toujours été celle qu’elle est aujourd’hui. Eh oui, il en faut du temps pour s’aimer. S’aimer pleinement je veux dire. Sans chichi, sans arrière pensée, tel que l’on est. C’est possible par un cheminement personnel de retour à soi, d’amour de soi et d’acceptation de soi.

J’ai envie de te raconter un peu mon histoire aujourd’hui. Un petit bout de moi, une fenêtre sur mon cheminement personnel. En espérant qu’il puisse t’aider aussi à cheminer avec amour sur le tien.

Enfance : découverte de mon corps à travers le regard des autres

Baby moi 😀

Enfant, j’étais très fine, maigre et élancée. Aux Antilles, on appelle ce type de corps « megzo » en créole. Diminutif de « megzoclet ». À vrai dire je ne suis pas sûre que ça s’écrive comme ça, mais en gros c’est la contraction des mots « maigre » et « os » (zo = os en créole). C’est un terme plutôt péjoratif, utilisé pour blesser l’autre. En peu comme si on te disait « tu as la peau sur les os ».

Sans parler de remarques des adultes, notamment les « taties » de l’école qui te demandent si tu manges assez. Bonjour, les angoisses pour une enfant qui se demande à ce moment si elle est « anormale ». Même la famille ne se rend pas compte de l’impact des mots. Je me souviens de mon père et de tantes (des vraies cette fois, de la famille), qui me disaient : « manjé tchanmay, koré lestomac’ou » (traduction : mange mon enfant, remplis ton estomac).

Malgré tout, j’ai appris à m’accepter telle que je suis. Et c’est grâce à mon père qui m’a toujours dit « garde la tête haute, le dos droit, on doit voir ta poitrine ressortir de fierté  » et aussi « aime-toi comme tu es, n’écoute pas ce que disent les autres ». J’ai accepté ma maigreur et mon corps élancé. J’en ai fait une fierté.

Mais disons-le franchement, je me suis aussi quand même pas mal blindée, au point d’arriver à étouffer mes émotions. J’ai appris à « ignorer » les remarques et à faire mon chemin malgré tout. A cette époque, j’ai développé la capacité à ne plus ressentir de douleur émotionnelle quand une remarque blessante m’était adressée.

D’ailleurs, si tu as lu mon article sur les 5 blessures de l’âme, tu reconnaitras les deux blessures du rejet et de l’injustice qui vont de paire. Au revoir les émotions, bonjour les masques du fuyant et du rigide.

Adolescence : début des complexes

Puis vient l’âge de l’adolescence, où on se découvre à travers la puberté, à travers les premières pulsions, les premiers désirs. Mais surtout, les premières « comparaisons ». Eh oui, le corps change, et celui des autres autour de toi aussi. Mais chacun prendra une forme physique différente car chacun à son chemin de vie à effectuer. C’est comme ça. C’est le jeu de la vie.

Je m’aime malgré mes complexes

Naissent alors les incompréhensions et les doutes aussi. Pourquoi suis-je comme je suis et pas les autres ? M’aimera-t-on comme cela ou dois-je chercher à ressembler aux autres ?

Eh puis aussi les injonctions sociétales : tu n’es pas assez ceci, tu es trop cela. Trop de fesses, pas assez de fesses. Seins trop visibles, seins trop petits. Même mes cheveux c’était pas assez : « pourquoi tu ne les lâches pas? il sont tellement beaux ! Et ça fait plus joli, plus sexy ! « .

Pas facile d’apprendre à s’aimer dans un environnement aussi dur et dans le jugement de l’autre, qui s’arrête à l’enveloppe charnelle et en oublie l’âme. Ne parlons même pas des images de corps « parfaits » et stéréotypés qu’on nous bombarde partout dans la rue, à la télé, sur internet !

J’ai toujours eu cette conscience que j’étais plus que mon corps physique, qu’il y avait une lumière au fond de moi qui ne demandait qu’à briller. Mais le rappel de la société au corps l’a un peu étouffé en chemin. Comme on peut être malléable à cet âge !

D’ailleurs, comme beaucoup d’autres jeunes de cet âge, j’ai développé quelques complexes. Rien de bien grave, ni de trop ancré, mais suffisamment présent pour que j’aie souhaité avoir certaines parties de mon corps différentes. Mais je n’ai jamais basculé dans le « désamour » total de mon corps. Je m’aimais trop pour cela. Et j’ai toujours entretenu cet amour envers moi. C’est d’ailleurs la base de l’estime de soi. Mais ma confiance en moi en a pris un sacré cou par contre.

Renforcement de la blessure d’injustice

De fil en aiguille, ma blessure d’injustice s’est accentuée petit à petit. J’en suis même venue à oublier et à enfouir ce passé. Comme s’il n’avait jamais existé et comme si je n’avais jamais souffert de ces remarques. Au fond, j’étais très bien comme ça, puisque je n’étais même pas consciente de l’impact que tout cela avait eu sur mon rapport à mon corps.

J’étais simplement déconnectée de mon corps : plus d’écoute des mes émotions, plus d’écoute de ses signaux. Même mes cheveux se sont abimés, car je ne savais pas en prendre soin, je les agressais et n’écoutais pas leurs besoins (cf. photo).

Années Lycée : cheveux abimés par manque d’écoute de mon corps

J’étais fière de mon corps car j’avais intégré que l’amour de soi est essentiel, mais je vivais à coté de lui… Inconsciente de son existence dans le triangle de mon être.

Je ne faisais pas corps avec lui…

Étudiante : une vie dans ma tête et à coté de mon corps

Viennent les premières années d’études supérieures, où on se responsabilise un peu plus, on apprend à vivre seul et à s’assumer, à faire ses propres choix. Départ pour la France : je coupe mes cheveux pour repartir sur de bonnes bases.

Mon rapport à mon corps encore une fois a été complexe à l’arrivée en France où j’ai du apprendre avec l’hiver à m’habiller avec des vêtements chauds, des bottes, des pulls et des écharpes. Moi qui passais mes journées en tongs et en débardeur en Martinique, moi qui avais un rapport au corps exposé au soleil quasiment tous les jours : ce fut un choc. J’avais l’impression de perdre une partie de mon identité. Pas facile de se sentir bien dans sa peau quand on fait 50kg et qu’on porte 5 pulls, une doudoune, un collant sous un jean et des bottes 2 fois trop larges pour la première fois de sa vie… Le choc !

Comment communiquer et être soi sous toutes ces couches ? Comment s’exprimer sans le langage du corps?

J’arrive tant bien que mal à trouver un style vestimentaire qui me convient. Toujours dans le très moulant, comme pour complaire aux anciennes remarques inconscientes du « sexy » entendues dans mon adolescence. Toujours dans cette blessure d’injustice, je m’habille près du corps pour compenser les bottes trop larges et la doudoune Michelin trop grande pour moi. Mais aussi j’apprends à lâcher mes cheveux puisqu’ils sont courts de toute façon je ne peux plus les tirer à 4 épingles ! C’est un peu comme une libération pour moi finalement. J’apprends le lâcher-prise pour la première fois. Et la liberté d’être.

Mais à coté de ça, je me suis tellement coupée de mes émotions, que je vivais totalement à coté de mon corps. Si bien que je me souviens d’un soir d’hiver ou j’ai mangé un plat de pâtes, à même la casserole, devant une série sur mon ordinateur d’étudiante, jusqu’à en avoir mal à l’estomac. J’avais mangé à la cuillère, sans m’arrêter, en regardant la série, j’ai mangé, encore et encore, j’ai terminé la casserole de pâtes. Et quand je me suis arrêtée de manger, je me suis rendue compte que j’avais très mal a l’estomac. J’ai eu mal pendant plusieurs jours : je m’étais fait une légère déchirure de l’estomac. J’avais mangé mes émotions et ma solitude. Je n’ai même pas entendu mon signal de satiété envoyé par mon corps. Je vivais complètement à coté de mon corps.

Et puis, petit à petit je découvre le développement personnel et spirituel, j’apprends à me connaitre, je lis.

Je lis beaucoup.

Aujourd’hui, je me suis reconnectée à mon corps

À mesure que je progresse dans mon cheminement personnel, mon passé à refait surface petit à petit. Je me suis souvenue des douleurs enfouies. Du rejet vécu dans l’enfance. Des moqueries et autres critiques de l’adolescence.

Je me suis rendue compte que cela avait altéré ma vision de mon corps. Et j’ai repris pouvoir sur moi-même. J’ai décidé de m’aimer telle que je suis, avec le corps qui me permet aujourd’hui de me mouvoir sur Terre.

Je me suis reconnectée à mes émotions et à mes sensations corporelles. Pour la première fois, j’ai ouvert les yeux sur cette enveloppe charnelle qui me sert de véhicule sur Terre.

Aujourd’hui, je l’écoute. S’il a besoin de repos, je le lui accorde. S’il veut des vêtements souples pour respirer, je m’habille amplement et fluide. Et quand je choisis des vêtements moulants, c’est avant tout car je m’y sens bien, et non pour plaire aux autres.

J’écoute ma faim et mon signal de satiété. Je fais attention à ce que je mange et à l’impact de la nourriture sur mon corps, ma digestion et ma santé générale (énergie, peau, etc.). Mais ce fera peut-être l’objet d’un autre article : mon rapport à la nourriture.

Je sais aussi maintenant écouter les besoins de mes cheveux. Je sais quand ils ont besoin d’hydratation, de nutrition et ou de protéines. D’ailleurs, je les lache car je me sens libre ainsi. Et non « sexy ». Je me suis défaite de toutes ces injonctions et croyances extérieures.

Je me suis libérée.

Mon corps est mon plus grand allié

Aujourd’hui, mon corps est mon plus grand compagnon de vie. Je me rend compte maintenant à quel point il me connait mieux que quiconque. Aujourd’hui je lui fais confiance, je l’écoute et je le soigne. Car il a pris soin de mon esprit et mon âme pendant tant d’années, malgré le manque de considération que j’avais pu lui porter.

Mon corps est mon temple, mon interface de communication entre mon monde intérieur et mon monde extérieur. Il est indispensable à l’évolution de mon âme sur Terre, à la réalisation de mon Dharma, et à la concrétisation de ma mission de vie dans le monde physique.

Alors, oui, il y a encore du travail sur certains aspects. Le retour vers l’amour de soi est un chemin long. Mais je peux dire aujourd’hui que j’aime mon corps et je le remercie chaque jour de me porter et me guider sur le chemin de ma réussite personnelle.

Mes conseils pour t’aider à te reconnecter à ton corps

J’aimerais aujourd’hui t’inviter à observer ta relation à ton corps. Es-tu en harmonie avec lui ? Tiens-tu compte de ses messages ? Des signaux qu’il t’envoie, de ses besoins, de ses souffrances ? Ou l’as-tu oublié en chemin ?

Si comme mon ancien moi tu te sens déconnecté.e de ton corps, voici mes 3 conseils pour renouer avec lui :

  • Regarde-le plus souvent dans le miroir, une à deux fois par jour observe-le, dans les détails, touche-le, embrasse-le.
  • Tiens un journal de gratitude dans lequel tu écriras tous les soirs une raison pour laquelle tu es reconnaissant.e de vivre dans ce corps.
  • Envoie-lui de l’amour tous les matins en répétant cette affirmation positive : « Je m’aime, j’aime mon corps et je fais corps avec lui ».

N’attends pas comme moi je te déchirer l’estomac ou de te blesser à un endroit du corps pour prendre conscience de son existence. Ton corps est ton plus grand allié sur le chemin de ta réussite personnelle. Fais-en une force. Accepte-le tel qu’il est aujourd’hui. Donne-lui les moyens d’être encore en meilleure santé demain. Fais partenaire avec lui. Et surtout, aime-le.

Amicalement,

Lélia


Pour aller plus loin :

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